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T 1418/22 : l’acalabrutinib fournit des orientations sur l’établissement de l’inventivité des polymorphes à l’OEB

janvier 2025

La décision de la chambre de recours de l’OEB dans l’affaire T 1418/22 fournit des orientations utiles sur l’inventivité des revendications de polymorphes en Europe. En partant d’une forme amorphe connue, une forme cristalline spécifique a été jugée inventive en considérant : (1) les données de la demande ont démontré la « difficulté technique » de cristalliser ce polymorphe ; et (2) la forme cristalline présentait une non-hygroscopicité inattendue. Ceci suit un raisonnement commun suivi à l’OEB selon lequel une combinaison de propriétés bénéfiques n’est pas évidente comme discuté dans
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au point 1.

Le brevet concerne l’acalabrutinib (Calquence) autorisé pour le traitement du lymphome non hodgkinien. L’acalabrutinib amorphe était connu dans l’art antérieur, les revendications du brevet concernant la Forme polymorphe I.

Lors de l’examen du problème objectif à résoudre, la chambre a confirmé que, conformément à la classification de la Pharmacopée européenne, les données de la demande démontraient que la Forme I revendiquée était non-hygroscopique (plutôt que « moins hygroscopique », comme précédemment soutenu par l’opposant-requérant). La chambre a donc formulé le problème comme étant la fourniture d’une forme plus stable et non-hygroscopique de l’acalabrutinib.

L’opposant-requérant a cité D6 et D9 pour affirmer qu’il était de connaissance générale commune que les formes cristallines tendent à absorber moins d’eau et sont plus stables que les formes amorphes, et qu’en partant d’une forme amorphe, l’homme du métier rechercherait systématiquement des polymorphes.

La chambre a reconnu qu’il serait conseillé pour l’homme du métier de rechercher des polymorphes tôt dans le développement de médicaments et qu’il serait familier avec les méthodes de cristallisation de routine pour cribler les polymorphes à partir d’une variété de solvants dans différentes conditions. Cependant, la chambre a considéré que le simple fait que l’art antérieur suggère de cribler les polymorphes pour isoler la forme cristalline avec les propriétés les plus désirables n’est pas, en soi, suffisant pour rendre évidente une forme polymorphe spécifique avec une propriété désirée particulière.

Bien que la connaissance générale commune puisse suggérer que les formes cristallines sont généralement moins hygroscopiques, la chambre a souligné qu’aucune indication dans l’art cité ne pointait vers l’existence de polymorphes sans hygroscopicité, tels que classifiés par la Pharmacopée européenne.

De plus, la chambre a accordé un poids significatif aux données de la demande montrant que seulement 4 des 75 solvants criblés ont produit la Forme I, et que les expériences d’anti-solvant n’ont pas non plus conduit à la Forme I. Ceci a démontré la difficulté technique de cristalliser la Forme I.

Points pratiques

La chambre a discuté que la difficulté relative à trouver le polymorphe revendiqué contribuait à son inventivité, étant formé dans un nombre relativement faible de conditions testées. Ceci souligne qu’il peut y avoir une tension entre l’activité inventive et la suffisance de description à considérer lors du dépôt de demandes européennes de polymorphes. Un polymorphe difficile à trouver peut être moins susceptible d’être considéré comme évident, mais reproduire sa synthèse basée sur la divulgation textuelle limitée d’une demande de brevet peut être difficile. Une divulgation détaillée des conditions utilisées pour cribler les polymorphes (au-delà du simple solvant, comme la concentration, la température, etc.) est donc toujours conseillée.

Cette décision souligne également qu’il peut y avoir une importance considérable à la façon dont les effets techniques sont caractérisés par les parties, dans ce cas la distinction relativement subtile entre l’hygroscopicité réduite et le polymorphe étant non-hygroscopique était significative. Alors que l’hygroscopicité réduite aurait pu être évidente à la lumière de la connaissance générale commune, l’absence d’hygroscopicité du polymorphe était un effet technique surprenant.

L’affaire montre également une façon dont un titulaire de brevet peut repousser les attaques basées sur des données déposées après coup concernant les polymorphes. Dans un document déposé tardivement soumis par l’opposant-requérant, des échantillons de matériau de départ ont été caractérisés par des spectres XRPD comme étant amorphes. Le propriétaire a soutenu que l’admission de ce document dans la procédure augmenterait la complexité de l’affaire car il fallait discuter si la nature amorphe pouvait être inférée des données ou si elle pourrait inclure du matériau cristallin. La chambre n’a pas admis le document, déclarant que la discussion de ce point soulèverait des questions complexes et serait préjudiciable à l’économie procédurale. Étant donné le défi inhérent de caractériser pleinement un matériau comme entièrement amorphe, ceci pourrait être un argument utile pour les titulaires de brevets à avoir en général.


Pour toute question relative à ce qui précède, veuillez contacter les auteurs, Harry Gregson ou Robert Scanes.

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